République démocratique du Congo
Certaines sont perdues à jamais, d'autres débitées à la machette par les miliciens qui les ont volées et parfois, comme tout récemment à Bunia, de belles vaches d'Ituri aux longues cornes effilées sont rendues à leurs propriétaires par l'armée congolaise.
"Grâce à l'armée on a récupéré ça", déclare Bosco Ndaura, secrétaire du comité local des éleveurs, en montrant la centaine de vaches remises à leurs propriétaires lors d'une cérémonie à l'état-major du secteur opérationnel de Bunia, chef-lieu de l'Ituri. "Mais depuis 2017, c'est 7 000 à 8 000 bêtes qui nous ont été volées", affirme-t-il.
"On n'est pas en sécurité ici", à tel point que de nombreux éleveurs emmènent leurs troupeaux plus au nord, dans la province voisine du Haut-Uélé, où la situation sécuritaire est meilleure. "Dans les années 80 on l'appelait Bunia viande. Aujourd'hui ce n'est plus le cas, parce que les bêtes qui produisaient la viande ne sont plus là", regrette Bosco Ndaura, lui-même éleveur.
Etat de siège
Avec le Nord-Kivu, l'Ituri est l'une des deux provinces de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) placées depuis début mai sous état de siège, mesure exceptionnelle censée mettre fin aux exactions de multiples groupes armés. La province souffre de forts antagonismes entre ethnies locales. Entre 1999 et 2003, un conflit entre milices des communautés hema et lendu avait fait des dizaines de milliers de morts, conduisant à l'intervention d'une force européenne nommée Artémis.
L'ampleur n'était pas comparable mais ce conflit rappelait le génocide de 1994 au Rwanda : les Hema, éleveurs de vaches, se comparaient aux Tutsi, et les cultivateurs Lendu aux Hutu. Après quelques années d'accalmie, les violences sont réapparues en 2017, imputées à un groupe armé appelé Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), qui prétend défendre les intérêts des Lendu.
Groupes armés
Ce groupe, maintenant scindé en plusieurs factions rivales, est aujourd'hui accusé par les éleveurs hema de voler leurs vaches. Les Forces patriotiques et intégrationnistes du Congo (FIPC), qui disent défendre la communauté Bira ou encore la Force de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI), vieille milice d'un groupe (les Ngiti) de la communauté Lendu, sont eux aussi pointés du doigt.
"Ils découpent, ils tuent les vaches, même les bouviers ne sont pas épargnés", se lamente un éleveur, Isaac Kamwenda, qui a pu récupérer quelques vaches reprises aux miliciens par l'armée lors de récents accrochages. Bosco Ndaura montre des photos de carcasses de bovins en train de pourrir en brousse. Il estime à une centaine le nombre de bêtes tuées rien que dans la journée de samedi dernier.
Business de vaches
Les miliciens les tuent pour les manger, ou les revendent, c'est devenu un business dans la région, déplorent les éleveurs. "Notre gouvernement doit nous protéger avec nos vaches", implore l'un d'eux, Jacques Kisembo. "L'état de siège ne nous aide pas", dit-il.
Pour ajouter encore aux difficultés de l'Ituri, un autre groupe vient de s'étendre dans le sud de la province en provenance du Nord-Kivu, les Forces démocratiques alliées (ADF), à l'origine des rebelles musulmans ougandais que le groupe djihadiste État islamique présente désormais comme sa branche en Afrique centrale.
Eux ne sont pas accusés de voler les vaches, mais d'avoir tué près d'un millier de personnes dans les deux provinces au cours de l'année écoulée.
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